INTELLIGENCE ARTIFICIELLE VS INTELLIGENCE PSYCHOSOMATIQUE
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Il n’existe aucune définition unanime du terme intelligence. Le fait est que le concept recouvre des aspects multiples. Logico-rationnelle, émotionnelle, corporelle, intuitive, créative... Humaine, animale, végétale... Naturelle, artificielle.
Le terme d’intelligence artificielle ( IA ) fut proposé en 1956 par John McCarthy; mais la question première « les machines peuvent-elles penser ?» revient à Alan Turing en 1950.
Les axes fondateurs du développement de l’IA continuent de reposer sur deux approches conjointes:
- Connexionnisme: à l’origine de la création du « neurone formel », modèle algorithmique du neurone biologique. C’est de leur développement et de leur mise en réseau que nait la possibilité d’apprentissages profonds (« deep learning »)
- Cognitivisme: qui pose sur un lien entre le langage entendu comme système symbolique et la pensée.
L’IA résulte de l’activité de systèmes informatiques à même « de reproduire des comportements liés aux humains, tels que raisonnement, planification, créativité » selon la définition adoptée par le Parlement européen (Avril 2022).
La puissance sans cesse grandissante des processeurs et des capacités de stockage des données (« big data ») permet avec les niveaux actuels ( IA faible à modérée ) l’émergence d’une pensée artificielle « générative ». Les applications en sont croissantes et impactent l’activité des entreprises autant que nos vies. Tous les domaines sont désormais concernés: processus décisionnels complexes, possibilités conversationnelles (Chat GPT ), la recherche scientifique y compris en mathématique, la création artistique, la médecine....
L’IA dite « forte », qui semble attendue d’ici à 2050; ouvrirait les possibilités de systèmes pouvant développer une « Théorie de l’esprit » et une « conscience de soi » artificielles. Ce point de basculement vers une « subjectivité artificielle » créative posera des questions inouïes à l’interface avec nos subjectivités créatives incarnées, psychosomatiques par nature; portées et portantes de mémoires sensorielles, motrices, viscérales, cognitives, psychoaffectives, symbolisantes, narratives.
Sans en être là, nous sommes déjà aujourd’hui face à un afflux de questions d’ordre juridique ( protection des données ) et éthiques. Et renouvellent peut-être déjà les regards que nous portons sur nous-mêmes.
C’est donc avec une grande joie que Mme Laurence Vanin, Docteure en Philosophie et le Pr J.B. Stora vont nous aider par leurs éclairages.
Dr L. Naccache